Par Philippe Martin
Ludovik Slimak, chercheur au CNRS, nous invite à le suivre dans un somptueux voyage en quête de l’homme de Néandertal. Depuis près de 30 ans, il le traque dans les steppes froides de Sibérie et dans le fond de vallées françaises. Il scrute ses pierres taillées, regarde les coquillages qu’il a utilisés, contemple ses ossements, réfléchit sur ses relations avec les Sapiens, s’interroge sur les causes de sa disparition… Autant de traces qu’il trouve dans les armoires des musées russes ou lors de ses fouilles. Au bout de trois décennies, Néandertal lui échappe pourtant. Un seule certitude, ce n’est ni une brute épaisse, ni un homme inachevé ; il relève d’une autre humanité. Si on ne trouve pas d’art néandertalien, c’est peut-être que cela ne lui est pas nécessaire. Si chacun de ses silex est différent des autres, c’est sans doute que cet artisanat n’a rien à voir avec le nôtre. Bien d’autres aspects peuvent être ainsi déclinés. Depuis le XIXe siècle a-t-on cherché Néandertal ou a-t-on essayé de voir une image déformée de nous-mêmes ? Néandertal nous apprend qu’on peut être humain sans nous ressembler. En parlant de son travail et de sa quête de Néandertal, Ludovik Slimak nous invite, avec une écriture vive emplie d’humour, à réfléchir sur la possibilité de différences profondes. Une belle leçon d’humanité.
Ludovic Slimak, Neandertal nu, Paris, éd. Odile Jacob, 2022, 240 p.
